Destin

À mon cousin Baptiste L…
Qui a trouvé la mort
Au volant de sa voiture.
Que Dieu lui pardonne !

Petit, il était sujet aux accidents.
Son destin était de mourir dans un accident.
Le voici étendu sans vie dans la chapelle ardente,
Le visage heureux, comme toujours,
Endormi dans la paix de Dieu.

Vendredi saint.
Pas de fleurs. Pas de décoration.
Des draps blancs. Des tentures blanches. Simples.
Un voile pourpre sur le Christ en croix.
Un bouquet de buis frais, béni dimanche,
Dans une assiette blanche remplie d’eau bénite.
Deux cierges allumés.
Deux rangées de chaises
Dans la chambre dressée comme une tente.
À droite les enfants, navrés, muets
À gauche la famille. Frères et sœurs
Qui pleurent en silence… et qui prient,
Les amis arrivent sans cesse. On l’estimait.

Son épouse là-bas à l’hôpital
Entre la vie et la mort ? Blessée.
Le vieux domestique fou de chagrin
À l’idée du maître qu’il aimait tant,
Vaque d’une crèche à l’autre
En s’arrachant les cheveux.
Où trouvera-t-il refuge ? Il n’y a plus de ferme…

Les quatre enfants ont d’autres métiers
Ils n’aiment pas la terre.
Le père, lui, adorait la terre
Il était d’une race qui disparaît.
Il avait tout donné à la terre
Ses forces et sa vie.
Demain on descendra son corps inerte
Dans la terre consacrée,
En attendant la résurrection.

Son âme, je veux le croire,
S’est déjà envolée jusqu’au repos éternel,
Dans le paradis du Seigneur.

Avril 1965

(Traduction Paol Keineg)

Ce poème en breton

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