La veille de la Saint-Jean

La nuit la plus courte. La nuit du jour le plus long.
Dix heures ! La nuit ne vient pas.
Toute chose visible dans les lointains.
Le ciel moitié couleur de deuil :
Un bleu pourpre clairsemé, éteint, ineffable,
Couleur de secret. Couleur de nostalgie
Couleur de souvenir.

Claire la lune. Très blanche
— Les étoiles restent invisibles. —
La nuit prend un air rêveur
Nostalgie — lugubre assurément —
Des habitudes tombées dans le passé.
Clarté et bonheur d’autrefois
Des soirées de veille de la saint-Jean.
Dans les campagnes bretonnes, les petits bourgs.
Des flammes d’un rouge vif s’élevaient de chaque village.
L’odeur de la fumée dans l’air nocturne.
Les cris perçants des enfants
Juchés sur les talus
Sur les hauteurs
Ils comptent les feux de joie
Tout autour.

Coutumes disparues.
Auxquelles les jeunes d’aujourd’hui
Renoncent trop aisément.
— Où es-tu, jeunesse remuante ?
— A l’école, à te détruire (en attendant l’exil)
Dans une culture contraire à l’esprit de ton peuple.

Ce soir seulement au-dessus de la vallée
Un feu tranquille. Un feu froid :
La lune claire
Dans sa Plénitude
Seule
Étincelant sur la lande.
Veille de la saint-Jean…

23 juin 1964

(Traduction Paol Keineg)

Ce poème en breton

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